De la Collection Céra'brique à Pierrot Men

Pour la 10ème édition du Printemps de la Photographie, nous accueillons Pierrot Men, artiste humaniste qui a réalisé de nombreuses œuvres photographiques sur les briques à Madagascar. Quel heureux écho avec Céra'brique!
Julie Brossier-Duclos, responsable de ce projet, assistante de conservation du patrimoine nous présente cette exposition "Céra'brique : de l'argile à l'architecture.
Présentation
Débutée dans les années 1990 par Michel Pasquier, cette collection d’éléments d’architecture en céramique et terre cuite unique en France compte près de 7000 pièces. Enrichie par ce passionné, elle est reconnue pour sa qualité et sa diversité par le Ministère de la Culture français qui lui a attribué le label Musée de France. Elle offre un témoignage exceptionnel de l’époque où les façades, nos toitures et nos intérieurs s’embellissaient de céramiques multicolores. Elle regroupe des briques estampillées de toute la France et du monde entier, ainsi que des pièces architecturales en terre cuite et en céramique datant principalement de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, sans oublier des machines et des outils d’anciennes tuileries. Aujourd’hui propriété de la ville de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), le grand public peut aujourd’hui l’admirer dans un nouvel espace muséographique au sein de l’ancien site industriel Normant-Matra.

On trouve dans la céramique des styles décoratifs aux sources d’inspiration très variées, dont la nature qui offre un large éventail de motifs exploités par les céramistes de style Art Nouveau. On puise également beaucoup dans les décors des architectures de l’Antiquité grecque et romaine, de la Renaissance et de l’époque classique.
Une visite riche en découverte
Les pièces de la collection Pasquier permettent de faire un tour de France des lieux de création de céramique les plus réputés de la Belle Epoque. L’un des foyers les plus importants, est la région parisienne dont la manufacture de Jules Lœbnitz et dans le registre de l’Art Nouveau les grès flammés dit «  Grès Bigot » produit à Mer. En recouvrant les façades des immeubles en béton armé par du grès flammé, le céramiste Alexandre Bigot travaille avec de grands architectes et l’ingénieur François Hennebique inventeur de ce nouveau matériau. De nombreuses réalisations encore visibles à Paris,  sont protégés comme Monuments Historiques.
Les épis de faîtages, élément de céramique architectural caractéristique de Normandie, font également partie des pièces les plus imposantes et spectaculaires de la collection.
Les grandes tuileries industrielles de Bourgogne comme Perrusson et Montchanin située en Saône-et-Loire dans la région industrielle du Creusot, sont également représentée dans l’exposition. Leur méthode de production de masse a contribué à la démocratisation des décors architecturaux en céramique.
Enfin la richesse de cette collection permet de montrer que l’artisanat de la terre cuite s’est perpétué en France en parallèle de l’industrialisation. Si les tuileries artisanales sont aujourd’hui très rares, il y en avait autrefois une multitude dans les régions au sol riche en argile comme la Sologne qui en comptait plus 500. Les nombreuses tuiles et briques artisanales ainsi que les machines et les outils réunis par les collectionneurs témoignent de ce savoir-faire rural. Ces pièces permettent de comprendre les différentes étapes du travail des tuileries de la fin du XIXème au début du XXème siècle : extraction de l’argile,  malaxage de la terre, moulage, estampillage, séchage, et cuisson.